Quand le sheriff était à pied ("When the sheriff walked")
1974
Quand le sheriff était à pied
“Joey Lee mesurait –ou mesure– environ un mètre quatre vingt, avait des cheveux courts bruns, une cicatrice juste sous le lobe de l’oreille, et pesait dans les soixante-quinze kilos bien sonnés.“ “Bien sonnés ?“ Pour moi, soixante-quinze kilos, c’était un poids léger. Le barman continua. “L.K. vous a donné une photo ?” “Non. Je ne sais pas qui est L.K.” Il sourit d’un air entendu. “Le père de Joey Lee, L.K. Wlliams.” Donc le nom de famille de Joey Lee était Williams ? Je croyais que c’était Lee. Le barman me resservit du café. “L.K. a un dinner, le New South Café à Cumberdale. C’est à soixante kilomètres d’ici, c’est de là que vient Joey Lee à la base.“ Il jeta un oeil derrière moi, quelqu’un était entré dans le dinner. Le barman nettoya le comptoir et disparut. Le sheriff de Staceyville était un homme petit, à l’uniforme immaculé, il portait un chapeau blanc. Il prit le tabouret à côté du mien. “A ce qu’on m’a dit, vous posez beaucoup de questions sur Joey Lee.“ “Pas du tout. C’est le contraire, depuis que je suis dans cette ville, tout le monde me parle de lui.“ Il me regarda d’un air peu aimable. “Z’êtes détective ?“ “Je ressemble à un détective ?“ “Aucune idée. On en trouve partout, de Mannix à Canon. Vous faites quoi dans la vie, monsieur ?“ C’est plus fort que moi, mes poils se hérissent quand on me titille. “Je suis avocat, spécialisé en droit maritime. “ Il n’eut pas l’air plus convaincu. “Il n’y a pas de mer, ici, monsieur. A part peut-être le lac Jubal, à Early. Et il n’est pas très grand… Qu’est-ce qui vous amène ici ?“ “Ça ne vous regarde pas, monsieur. Seul un jugement pourra me faire desserrer les dents. Je suis la seule personne à s’être arrêtée dans cette ville ?“ “Pas loin. Il y a deux ans, Amtrack a fermé la gare. Plus de train, on se sent assez isolés.“ Cela semblait vraiment l’affecter, il fronça les sourcils. “Les hommes s’en foutent, mais les femmes s’en plaignent beaucoup. “ Il me dévisagea brièvement, puis sortit. Le barman revint. “Je pense que j’ai été la dernière personne à voir Joey Lee vivante… Sauf peut-être…“ Il désigna du menton la direction que le sheriff venait de prendre. “Quoi ? Elle est morte ?“ Il haussa les épaules. “Certains d’entre nous le pensent, oui. Joey Lee a disparu il y a une semaine de ça, il n’en reste aucune trace, à part la boue sur les roues de la voiture du sheriff.“ De la boue sur les roues de la voiture du sheriff ? J’allais l’interrompre, mais il continua. “Quand quelque chose comme ça arrive, ça scinde une ville en deux. “ Il précisa sa pensée. “En fait, quand quoi que ce soit arrive, cela scinde la ville en deux. Certains aimeraient que cela reste entre nous, d’autres disent qu’il faudrait mettre les flics au courant. “ “Ah, et pourquoi ne le font-ils pas ?“ “Le sheriff a un sale caractère, il vaut mieux ne pas l’énerver. Surtout sur une affaire comme celle-là.“ Le barman se pencha légèrement vers moi. “Vous avez un insigne ?“ “Je suis avocat. Spécialisé en droit maritime.“ “OK. Et vous faites quoi ?“ “En ce moment, je représente le dernier survivant du naufrage du Lady Diana, naufrage qui a eu lieu en 1893. “1893 ? Cette histoire est encore au tribunal quatre-vingt-un ans après ?“ Je souris. “Mon cher ami, si vous connaissiez la moindre chose en droit maritime, vous sauriez que ces affaires prennent du temps.“ Je jetai un coup d’œil à ma montre. Bientôt neuf heures du soir. “Serais-je trop optimiste si je demandais s’il y a un hôtel en ville ?“ “Le Beauregard. Presque toutes les chambres sont libres. Rafe Covert en est le proprio, c’est le cousin du sheriff, faites en sorte qu’il ne vous donne pas la chambre ‘Ulysses S. Grant’, la 222.“ Je repassai à ma voiture pour prendre ma valise et j’arrivai à l’hôtel Beauregard. En entrant dans le hall, j’eus l’impression distincte que tout le monde me connaissait, ou pensait me connaître. L’homme à l’accueil me regarda signer le registre avec une moue renfrognée. Il décrocha une clé du tableau. “Chambre 222.“ “Je suis psychologiquement allergique au nombre 222. C’est une longue histoire, je vous la raconterai un jour. Je pourrais avoir une autre chambre, s’il vous plaît ?“ Réticent, il me donna une autre clé. La chambre était propre et confortable. J’allumai la télé pour une demi-heure environ, puis je me couchai. Au matin, alors que je finissais de m’habiller, on frappa à la porte. Une petite femme de ménage, la cinquantaine, apparut, portant des draps et des taies d’oreiller. “Bonjour, je peux faire votre lit ?“ Elle commença à défaire le lit. “C’est L.K. qui vous envoie, pas vrai ?“ “L.K. Wlliams ?“ Elle hocha la tête. “Vous pensez que Joey Lee est toujours vivante ?” “Il y a une chose que je ne comprends pas, pourquoi diable tout le monde pense que Joey Lee est morte ?“ Elle enfila une taie sur l’oreiller. “Ici, on veille les uns sur les autres. Enfin, cinquante pour cent des gens, on va dire. Par contre, y a un truc : méfiez-vous de ce que vous direz au sheriff. Ou à ses cousins. Je suis la dernière personne à avoir vu Joey Lee vivante.“ “Ah bon ? Je pensais que c’était le barman du dinner qui était la dernière personne à l’avoir vue…“ “Alex a vu Joey à neuf heures et demie, lundi soir, “ renifla-t-elle. “Moi, j’ai vu Joey Lee et le sheriff à dix heures moins le quart. Derrière le poste de police, là-bas. Ils se disputaient.“ “Pourquoi se disputaient-ils ?“ “Je sais pas. Ils se sont arrêtés quand ils m’ont vue. Alors, que pensez-vous de notre bourgade ?“ “Charmante.“ Elle déplia le drap. “Staceyville est un vrai paradis pour les hommes et les chiens ; pour les femmes et les chevaux, c’est un enfer. Surtout depuis qu’il y a plus aucun train ici, nous, les femmes, sommes coupées du monde.“ “Aucune femme n’a de voiture ?” “Qu’est-ce que vous
croyez ? Ici, c’est une voiture par foyer. Ici, pour qu’une bonne femme aille à Montgomery, faut qu’elle pique la voiture de son mari.“ “Je vois. Vous êtes donc isolées et désespérées ?“ “Heureusement, y a la télé. La bibliothèque est ouverte les mardis et jeudis après-midis, c’est mieux que rien. Mais oui, cette ville est très isolée. Vous savez ce que c’est : rester enfermé, voir toujours les mêmes personnes, on devient provincial, le cerveau sature.“ Quand elle fut partie, j’allai à la fenêtre pour regarder la grand’ rue. Selon les informations dont je disposai, Staceyville comptait, parmi d’autres choses, deux drugstores, quatre dinners, cinq églises, deux médecins, trois dentistes et un chiropracteur.
Autres coups à la porte. J’ouvris et vis un jeune type en jean et t-shirt. Un morveux de dix-sept ans, pas plus. “Monsieur, je vous demande de prendre le prochain bus et de quitter la ville,” me dit-il, un brin agressif. “Il n’y a pas de bus à Staceyville,“ répondis-je. Il rougit légèrement. “Non, mais vous êtes venu en voiture. Vous devez quitter la ville.“ “Et pourquoi donc ?“ Il contracta son biceps. “Parce que.“ “Tu sais, je suis ceinture marron de karaté.“ En réalité, je serais incapable de faire la différence entre une prise de karaté et un hibachi. “Ha ouais ?“ répliqua-t-il, insolent. “Moi aussi je fais du karaté ! Et du bon !“ “J’espère que tu es bien assuré,“ répondis-je, “je vais faire de toi de la bouillie. Mais qu’est-ce qui te prend de venir me faire chier ici ?“ “Le sheriff, c’est mon oncle. Tu arrêtes de l’emmerder.“ “C’est lui qui t’envoie ?” “Non. Il sait pas que je suis là.“ “Mon p’tit gars, à la télé, est-ce que les privés se font impressionner par des petits merdeux ?“ Sans attendre ma réponse, il reprit des livres qu’il avait posés près de ma porte et dévala les escaliers. J’allai prendre mon petit déjeuner au dinner le plus proche. La serveuse qui s’occupait de moi s’appelait Billie Gee, son nom était brodé sur sa blouse. Elle me sourit. “Bonjour, M. Collins.” Je ne l’avais pourtant jamais vue de ma vie. Elle me fit un clin d’oeil. “On voit pas beaucoup d’avocats maritimes ici.” “Et je pense pas que vous en verrez beaucoup.” “Vous vous plaisez, ici ?” “C’est intéressant, oui.” Elle haussa les épaules. “Un paradis pour les hommes et les chiens, mais un enfer pour les femmes et les chevaux.“ Je la dévisageai. “Vous avez beaucoup de chevaux ?” “Pas vraiment. C’est juste une expression. Mais il y a beaucoup de femmes.” Je vis que le sheriff s’était garé juste en face du dinner, de l’autre côté de la rue. A l’extérieur de sa voiture, il trafiquait son fusil. “Le sheriff est un grand fan de chasse,” dit Billie Gee. ”Ah ? Et il chasse quoi ?” “Les lapins, principalement.” Le sheriff remarqua une salissure sur sa voiture et la nettoya à l’aide d’un chiffon sur lequel il avait craché. ”Il utilise aussi cette voiture pour ses propres besoins, ” dit Billie Gee. ”Il la bichonne et n’en est jamais très loin. Sauf mardi dernier, ce jour-là ,ma foi, il était à pied.” Elle prit ma commande et s’en alla. Alors que je sortais du dinner, le sheriff m’interpella. ”Vous travaillez pour qui ?” ”L.K. Williams, ça vous dit quelque chose?” “Ne m’emmerde pas avec ça, blanc-bec. Quelqu’un t’a monté la tête ? Ils ont formé une association ou quelque chose dans le genre ?“ Il jeta un oeil aux trois petits gamins qui passaient. “Je sais ce qu’ils pensent. Mais personne n’a eu les couilles de me le dire.“ “De vous dire quoi ?“ “Oh, laisse tomber. Te mêle pas de nos affaires et tout ira bien.“ J’allai ensuite au drugstore, pas loin. “Je ne répondrai pas à vos questions,” me dit d’emblée le propriétaire. “Vous n’obtiendrez rien de moi.” Encore quelqu’un de la famille du sheriff ? “Je ne viens rien demander, je voudrais juste acheter des cigares.“ “Si vous avez besoin d’un renseignement, demandez à Randolph.“ Il disparut dans l’arrière-boutique. “Et mes cigares ?“ lançai-je. L’homme ne réapparut jamais. Je soupirai et allai acheter mes cigares dans un autre drugstore. L’employé, heureusement, était plus aimable. Je redescendis la grand’rue, passant devant la place du tribunal où trônait un canon datant de la Guerre de Sécession, pointé vers le Nord. Je revins à mon hôtel. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je trouvai sur mon lit un homme potelé, à la barbe de trois jours, portant un costume blanc passé, et à côté de lui, un chapeau Panama écrasé, qui me sourit. “La porte était ouverte, vous m’excusez si je me suis permis. Je suis discret, ici incognito.” “Qui êtes-vous ?“ “Randolph Wister.” Il humecta ses lèvres. “Vous auriez pas un petit quelque chose à boire ?” “Non. Je suppose que vous avez cherché ?” Il approuva. “Je pensais que vous auriez quelque chose.” “Non, désolé.” Il accepta la situation avec philosophie. “Si je vous donne une info fiable, vous me rémunérez ?“ “Je suppose que vous allez me dire que vous êtes la dernière personne à avoir vu Joey Lee vivante.“ “Non. La dernière personne à l’avoir vue est Mrs. Whittaker, la femme de ménage de l’hôtel. Mais moi, j’ai vu quelque chose d’autre.” Machinalement, je vérifiai le contenu de ma valise. Rien ne semblait manquer. “J’étais au poste de police mardi soir,” dit Randolph. “Un p’tit peu trop de boisson, vous savez ce que c’est…“ Je fermai ma valise à clé. “Mercredi matin, je me suis réveillé vers sept heures,“ continua Randolph, j’ai entendu un bruit d’eau. J’ai regardé derrière le bâtiment et j’ai vu le sheriff qui lavait sa voiture avec un tuyau d’arrosage.“ “Et alors ? C’est la première fois qu’il le faisait ?” “Y avait plein de boue sur les roues. De la boue séchée. Mais il n’a pas plu ici depuis deux semaines !” Il but dans le verre d’eau qui était sur la table de nuit. “Lundi soir à dix heures moins le quart, Mrs. Whittaker a vu le sheriff et Joey Lee se disputer derrière le poste de police. Et moi, mercredi à sept heures, je vois le sheriff laver sa voiture. “ “Et mardi alors, que s’est-il passé ?“ “C’est ce qui m’a frappé, justement. Mardi, le sheriff n’avait pas sa voiture. Il était à pied toute la journée.” “Et pourquoi ce serait d’importance ?” “Quand il m’a arrêté mardi soir, il était à pied. Quand je lui ai demandé comment ça se faisait qu’il n’avait pas sa voiture, il m’a remballé
vertement. ” Il reposa le verre sur la table de nuit. “Quand je suis sorti de taule, j’ai entendu que Joey Lee avait disparu. Je suis à peu près sûrque personne n’a vu la voiture du sheriff mardi. D’ailleurs, quelqu’un lui a demandé où elle était, sa voiture, et il lui a répondu d’un ton énervé qu’elle était au garage. Mais il y a seulement deux garages à Staceyville et je suis à peu près sûr qu’elle n’y était pas. Et d’ailleurs, pourquoi mentirait-il s’il n’a rien à se reprocher ?“ “Je ne sais pas du tout.“ “Imaginons. Lundi soir, le sheriff tue Joey Lee suite à une dispute. Il ne sait pas quoi faire du corps, donc il le met dans le coffre de sa voiture qu’il laisse chez lui, dans son garage, le temps de réfléchir à ce qu’il va faire du corps. Mardi soir, il se débarrasse du corps. Si j’allais à la pêche au cadavre, j’commencerais peut-être par les rives du Lake Jubal. Ses abords sont secs à cause de la sécheresse et ses rives sont boueuses.“ “Mais si c’est ce que vous soupçonnez, pourquoi ne pas être allé à la police de la ville voisine ?“ “Les gens sont passifs, ils ne font rien. C’est L.K. qui vous
envoie ?” “Non,” répondis-je en empoignant ma valise. Il fronça les sourcils. “Vous quittez la ville ?” “Oui. J’apprécie votre hospitalité, mais je dois partir. J’ai accompli ce que j’étais venu faire.” Je le laissai ainsi. Il avait la bouche légèrement ouverte. Plusieurs jours passèrent. Je passai quelques jours à Newcourt, puis à Portertown. J’atteignis Cumberdale par un bel après-midi. J’aperçus la vitrine du L.K. Wlliams Cafe. J’hésitais un moment, puis je me garai et entrai dans le dinner. J’étais le seul client. La serveuse était une jeune femme plutôt grande, qui ne semblait pas aller très bien. Elle pleurnichait et avait les yeux rouges, qu’elle tamponnait avec un mouchoir. Elle mesurait un mètre quatre vingt, avait des cheveux courts bruns, une cicatrice juste sous le lobe de l’oreille, et pesait dans les soixante-quinze kilos bien sonnés. Oui, bien sonnés.
“C’est bien vous, Joey Lee Williams ?” Elle sembla surprise qu’on la reconnaisse. “Joey, c’est pour Josephine. Comme Joey Heatherton, l’actrice. Williams, c’est mon nom de jeune fille. Il ne me semble pas vous connaître, vous êtes ?” “Vous avez mis une sacrée pagaille à Staceyville,” dis-je, “les gens se demandent ce qu’il vous est arrivé.“ Au mot “Staceyville”, elle se mit à pleurer, puis se reprit. “Tout ça parce que j’ai pris la voiture pour aller à Montgomery faire du shopping.“ “Cela ne me semble pas être un crime abominable.“ “A moi non plus, je comprends pas pourquoi Clyde s’est mis tellement en colère. Il utilise pour ses besoins personnels sa voiture de flic !“ “Qui est Clyde ?“ “Mon mari. Le sheriff de Staceyville.“ Je papillotai des yeux. “C’est donc vous qui avez pris la voiture de police, la voiture du sheriff ?“ “Il ne se passe rien en ce moment, il l’utilise très peu pour son travail. Mais Clyde n’a rien voulu savoir et on s’est disputé.“ “Lundi soir ? Derrière le poste de police ?“ Elle acquiesça. “Mardi matin, pendant qu’il dormait, j’ai pris la voiture et je suis partie. C’est ridicule, je sais, mais j’ai pris une casquette et un imper épais pour passer inaperçue. Et pourtant, croyez-moi, à Montgomery les femmes sont plus libres qu’à Staceyville.“ Elle tamponna brièvement son nez avec son mouchoir. “Malheureusement, au retour, la voiture est tombée en panne, je l’ai faite réparer et ensuite la voiture est restée coincée dans la boue vers Autauga. Avec tout ça, il était plus de minuit quand je suis rentrée, Clyde était furieux. Il a été odieux, il m’a traitée de tous les noms. J’ai téléphoné à mon père qui est venu me chercher.“ “Votre mari sait que vous êtes ici ?“ Elle approuva. “Oui. Et autant vous dire qu’il n’a pas appelé pour s’excuser.“
Le sheriff était donc, à l’évidence, un homme taiseux qui n’avait pas osé dire à quiconque que sa femme lui avait pris sa voiture un beau matin, puis l’avait quitté. Bien sûr, il savait que la plupart des gens savaient, mais savait-il qu’il était suspecté de meurtre ?“ Je soupirai. “Pourquoi ne l’appelez-vous pas pour vous excuser ?” Elle hésita un moment. “Je ne sais pas… Vous pensez que je devrais le faire ?“ “Oui. Et s’il s’énerve encore, vous pouvez toujours raccrocher.“ “Vous avez raison,“ dit-elle avec emphase. Elle se dirigea vers la cabine téléphonique au fond du dinner. Je la regardai composer le numéro. Elle se mouchait tout en parlant, mais au fur et à mesure de la conversation, elle se remit à sourire. Probablement, elle serait bientôt de retour à Staceyville, avec Clyde – un mari qui pardonnait, ou qui oubliait.
Je ne suis pas avocat spécialisé en droit maritime. Ni même détective privé. Je travaille pour la South Central Bus Line et mon travail est d’évaluer les itinéraires potentiels de nouvelles lignes, surtout dans les zones où il n’y a plus de train. Une autre serveuse apparut pour prendre ma commande. “Alors, qu’est-ce que vous pensez de Cumberdale ?“ demanda-t-elle. “Une ville amusante.” répondis-je. “C’est un paradis pour les hommes et les chiens, mais un enfer pour les femmes et les chevaux. C’est pas Montgomery,” renchérit-elle. Sur mon rapport de travail, j’écrivis que la future ligne de bus devrait desservir Staceyville, Newcourt, Portertown et Cumberdale.